Après notre séjour à l'hôtel, nous avons déménagé vers le quartier nommé 'la Ville Haute'. Notre maison avait été, comme toutes celles de l'Etat, libérée par un autre fonctionnaire, rentré en Europe pour 6 mois après un service ininterrompu de 3 ans (congé de santé). C'était à notre tour de l'occuper. Elle se trouvait à côté d'une bananeraie, au bout d'une route en terre qui se terminait en cul de sac. Les meubles qui s'y trouvaient étaient du style 'Louis Caisse' (comme on disait avec amusement) et avaient besoin d'être quelque peu rafraîchis. Elle possédait une salle de bain (bien utile en raison de la chaleur) avec un bain en ciment (lissé, mais rude à la peau quand même). Dans la cuisine rudimentaire se trouvait une cuisinière à bois. Il fallait l'alimenter tôt le matin pour que le café soit prêt à temps. Petit détail moins agréable : je me souviens que le premier qui ouvrait la porte après une nuit paisible, recevait une pluie de cancrelats sur la tête. Maman eut toutes les peines du monde à s'en débarrasser !
(sur la photo on voit la cuisine avec, le long du mur extérieur, un large évier en ciment)Devant la maison, est parquée notre voiture, une superbe Packard Clipper 1946 Sedan de couleur marron (2100, 4 portières). Une curiosité en 1949 dans ce petit poste aux routes poussiéreuses. D'autant plus que très peu de voitures sillonaient les rues à l'époque. L'explication de la présence de cet engin luxueux contrastant avec la simplicité africaine de notre mode de vie était celle-ci : après la guerre, notre père avait créé une petite entreprise de location de voitures de cérémonie (mariages et évènements divers). Avant de s'engager au service de la colonie, il avait revendu ses voitures, mais gardé pour lui la plus belle pour l'emmener avec lui. A notre retour vers la Belgique, quelqu'un nous l'a rachetée et elle est restée sur place. Dommage ... Je revois encore clairement son beau tableau de bord en bois précieux et ses coussins recouverts d'une sorte de velours court, finement rayés bleu pâle et vert.
A droite, la fenêtre de notre chambre, à mon frère et moi. A l'heure de la sieste obligatoire (nous n'étions jamais fatigués), nous faisions (tout bas) la parlotte à travers la moustiquaire avec les enfants des voisins dispensés de ce rituel sacro-saint des pays chauds.
L'entrée principale de la maison (du côté jardin) |
Le jardin où le lavadère Zoan a choisi de repasser le linge |
Le salon |
La cuisine avec la cuisinière à bois Manuel prépare le repas |
La salle à manger et le pichi (cuisinier) Manuel |